Lettre d’excuses de Belhassen Trabelsi qui dit être prêt à rentrer en TunisieBelhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président Zine El Abidine Ben
Ali, vient d’envoyer une lettre d’excuses adressée à « la Tunisie
chérie et à son peuple fier ».
La lettre, en langue arabe littéraire et non datée, nous a été envoyée
via son avocat Mohamed Hédi Lakhoua, que nous avons contacté pour
authentifier la lettre et son expéditeur.
Belhassen Trabelsi entame sa lettre d’excuses par dire qu’il ne sait pas
par où commencer, parce qu’il ne pense maintenant qu’à s’excuser à tout
ce que son nom a causé de préjudice et d’injustice à tout Tunisien que
ce soit sciemment ou pas.
« Nous nous trompons tous, mais il faut que l’on demande pardon, si l’on
est sincères et cette lettre n’est qu’une tentative de ma part pour
m’excuser et demander le pardon, bien que je sache que je suis aux yeux
des Tunisiens, pour ne pas dire tous les Tunisiens, que je suis le
criminel qui a pillé le pays et spolié les gens avant de partir. »
Belhassen Trabelsi dit qu’il ne s’est pas enfui, mais que face aux
menaces qui lui ont été adressées, ainsi qu’à sa famille, à partir de la
première quinzaine de janvier, et devant l’insécurité « après la
tentative d’attaque de mon domicile à plusieurs reprises, puis son
intrusion organisée, sa mise à sac et son incendie, j’ai dû protéger ma
famille et m’éloigner provisoirement du pays. Nous avons quitté le
territoire en toute légalité à partir d’un point frontalier et après
avoir achevé toutes les procédures et tamponné nos passeports ».
Le beau-frère de Ben Ali s’est attaqué ensuite aux médias qui, dit-il,
l’ont dénigré (sciemment ou pas) et ont donné de lui l’image de l’un des
principaux symboles de la corruption de l’ancien régime, confondant
ainsi ses propres agissements avec ceux d’autres.
« En mon absence, certaines histoires me concernant ont frisé
l’imaginaire, y compris de la part de certains de mes associés avec qui
j’avais de bonnes relations, basées sur la confiance ».
Belhassen Trabelsi consacre un paragraphe visant à amadouer ses lecteurs
en disant qu’il n’est qu’un citoyen ordinaire appartenant à une famille
modeste, qui a poursuivi ses études dans des conditions difficiles en
Tunisie, puis en Algérie où il (aurait) obtenu le « grade » d’ingénieur,
avant d’entamer ses activités économiques, qu’il qualifie de modestes
également. Il déclare qu’il a fourni tous ses efforts pour l’essor de sa
société qui s’est transformée en plusieurs sociétés, non pas parce
qu’il a spolié le pays, mais grâce à ses efforts et son travail acharné
et ses investissements pour « l’économie de mon pays. »
Il admet que les portes étaient ouvertes devant lui, en raison de son
alliance avec le président de la République, et avoue que chaque fois
qu’il a demandé un rendez-vous à un responsable, il a trouvé un bon
accueil. Il relativise cependant en disant qu’il n’a jamais possédé une
société de l’Etat et qu’il n’a jamais eu un terrain ou propriété
appartenant à l’Etat (sic !) et qu’il a toujours rempli son devoir
fiscal, à l’instar de tout citoyen.
Il dit que la majorité de ses propriétés, pour ne pas dire toutes, se
trouvent sur le territoire de la République tunisienne et défie
quiconque qui puisse prouver qu’il possède un mètre carré à l’étranger.
Il est même prêt à fournir à l’Etat une procuration pour vérifier ce
point.
« Tout le monde sait que j’ai beaucoup investi et que j’employais
quelque 4000 personnes directement », dit-il avant de rappeler ses
derniers investissements dans la société du sucre et dans la cimenterie
où il a injecté l’essentiel de sa fortune et a ramené de gros
investisseurs étrangers pour créer de l’emploi en Tunisie et servir
l’économie du pays. « Ce comportement est-il celui de quelqu’un qui a
spolié les biens du peuple ? Celui qui spolie le pays expatrie son
argent et ne pense jamais à le rapatrier ou l’investir en Tunisie »,
conclut-il.
Belhassen Trabelsi dit que l’exil lui fait beaucoup de peine et qu’il a
envie de rentrer au pays, quel qu’en soit le prix. Il dit être prêt à
affronter toute instance judiciaire et de présenter toutes les
informations en sa possession. Il dit être prêt également à donner les
détails de son parcours et comment il s’est enrichi et corriger ses
erreurs et réparer les préjudices s’ils existent.
« Je veux rentrer au pays afin de faire face à mon destin et de me plier
aux interrogatoires et questionnements (…) », dit-il précisant qu’il ne
veut pas affronter les vengeances, les jalousies, les haines, les
mensonges… « Je ne pose pas de conditions, mais j’espère et
j’ambitionne. Je sais que mon nom est banni, mais je reste Tunisien et
tout Tunisien doit jouir de ses droits, quoi qu’il ait fait. »
Il conclut sa lettre en réitérant ses excuses et en répétant qu’il est
prêt à affronter la justice et les instances de l’Etat en se présentant
devant elles.
En attendant de voir si Belhassen Trabelsi va aller jusqu’au bout de son
engagement, en rentrant au pays pour affronter la justice, précisons à
nos lecteurs que certaines contrevérités sont contenues dans sa lettre.
Selon nos informations, l’incendie de sa maison a eu lieu après son
évasion et non avant. Au moment de son départ, il a rencontré certaines
personnes et il ne leur a pas dit que sa maison a été attaquée. Il était
même serein.
Il dit qu’il n’a jamais possédé un bien de l’Etat, mais oublie de
signaler que la concession Ford, qui appartenait à l’Etat, lui a été
cédée à la suite de quelques subterfuges.
A propos des biens qu’il dit ne pas posséder à l’étranger, on sait qu’il
possède (au moins) la compagnie aérienne égyptienne Koral Blue, filiale
de Karthago Airlines.
Et il est évident qu’il a, au moins, un compte à l’étranger grâce auquel
il séjourne au Canada depuis janvier 2011 et qu’il se paie les
meilleurs avocats. L’histoire de ce compte a été évoquée, le 18
septembre 2011 par la Télévision Suisse Romande (TSR). Ce compte est à
la HSBC Private Bank de Genève et il est crédité de 11 millions de
francs suisses (soit l’équivalent de 17 millions de dinars tunisiens),
selon TSR qui n'a pas été démentie par la banque.
Si nos informations sont erronées, nous lui publierons (volontiers) son droit de réponse, à condition qu’il prouve le contraire.
source:
http://www.businessnews.com.tn